9a. LA CHAÎNE DES SECOURS


Chaque année en France,

50000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque subit...

 

Parce que nous accusons un retard considérable dans la formation de nos concitoyens à la pratique des gestes qui sauvent, moins de 5 % seulement y survivront !

Je vous propose aujourd’hui de découvrir, comme si vous y étiez, l’histoire extraordinaire d’une jeune rescapée, qui ne doit son salut qu’à cette fameuse « chaîne des secours »…

Nous l’appellerons Sarah. Elle n’a qu’une quinzaine d’années, à peu près l’âge de mes filles au moment des faits.

Elle est lycéenne, quelque part dans le Sud-Ouest de la France, quand par un matin gris de novembre, elle s’écroule subitement devant ses camarades, dans la cours de l’établissement.

Ses amies n’ont aucune notion de secourisme, alors l’une d’elle se précipite vers les bureaux administratifs pour donner l’alerte.

Immédiatement informée, l’infirmière scolaire est la première à se porter au secours de Sarah.

- Sarah ! Est-ce que tu m’entends ? Si tu m’entends ouvre les yeux ! Serre-moi la main !

Sarah ne réagit pas… elle est inconsciente.

L’infirmière bascule prudemment sa tête en arrière pour libérer les voies aériennes.

Elle se penche au-dessus de son visage pour essayer de percevoir un souffle, entendre un bruit de respiration ou percevoir des élévations et des affaissements réguliers et continus de la cage thoracique ou abdominale… mais rien, absolument rien ! Sarah ne respire plus.

Le SAMU est aussitôt alerté.

Sans désemparer, l’infirmière entame les compressions sternales au rythme soutenu de 110 par minute ! Il ne faut pas qu’elle meurt ! Pas à cet âge ! Se répète-t-elle, comme pour se donner l’énergie nécessaire...

Ses gestes sont précis, le positionnement de ses mains sur la moitié inférieure de la poitrine parfait, l’enfoncement de 5 à 6 centimètres, idéal... il faut dire que cette infirmière est une experte dans ce domaine : avant de rejoindre le milieu scolaire, elle exerçait dans des services de cardiologie, d’urgences hospitalières et du SAMU !

Chaque enfoncement de la cage thoracique provoque la compression du cœur entre le sternum et la colonne vertébrale, et chacune d’elle l’expulsion de sang encore oxygéné vers ses organes, au premier chef desquels le cerveau.

Cet organe merveilleux, dont on est encore loin d’avoir percé tous les mystères, est particulièrement sensible et nécessite d’être oxygéné sans discontinuer.

C’est à notre cœur qu’incombe la délicate mission d’oxygéner le cerveau, via les globules rouges (hématies) transportés par le sang.

Toute interruption entraîne sa détérioration à court terme : en l’absence d’oxygène en effet, le cerveau commence à souffrir dès la première minute, et les cellules qui le constituent (les neurones) commencent à se nécroser dès la troisième...

Ainsi l’arrêt brutal de l’apport d’oxygène au cerveau entraîne-t-il rapidement la destruction de plusieurs millions de neurones !

On considère que, chaque minute qui s’écoule après l’arrêt subit du cœur compromet de 10% les chances de survie de la victime. Or, le délai moyen d’intervention des prompts secours en France est estimé à... 13 minutes.

C’est dire combien la présence du premier maillon de la chaîne des secours (le témoin formé au secourisme) est INDISPENSABLE !

Sans la réalisation des gestes de réanimation cardio-pulmonaire effectués dès les premières minutes, toute l’énergie et l’expertise des services de secours et des médecins urgentistes resteront vaines, tant le maintien des fonctions neurologiques est consubstantiel de l’activité cardiaque.

 

Alors revenons à notre infirmière qui, depuis plusieurs minutes déjà, prodigue sans relâche cet indispensable massage cardiaque et bien sûr les insufflations y associées (2 toutes les 30 compressions sternales, pour maintenir un apport régulier d’oxygène).

C’est elle qui maintiendra en « survie artificielle » notre jeune victime jusqu’à sa prise en charge par les Sapeurs-Pompiers.

Ces derniers prendront le relai de la réanimation, mais en équipe et avec matériel (oxygénothérapie, défibrillateur...).

Le rôle de chaque équipier secouriste étant clairement défini, chacun s’affaire aux tâches qui lui incombent.

Les sauveteurs se concentrent avec gravité, se relaient régulièrement au massage pour maintenir l’efficience des compressions, gage d’une bonne perfusion coronaire et cérébrale (l’irrigation du cœur et du cerveau).

Au loin, élèves et professeurs observent silencieusement, les yeux rougis de tristesse et d’angoisse...

Soudain, le son puissant du défibrillateur suspend provisoirement l’action des secouristes et brise le silence : les sauveteurs s’écartent en élevant les bras dans une sorte de chorégraphie bien rodée…

[ Analyse en cours... Ne touchez pas le patient... Choc conseillé... Recharge de l’appareil en cours, éloignez-vous !...4... 3... 2... 1... Choc délivré ! ]

Dans une parfaite synchronisation, tout le monde se remet en action. Les compressions reprennent au rythme du métronome... Dong !... Dong !... Dong !... Dong !...

Pas moins de trois chocs électriques seront administrés avant l’arrivée des équipes médicalisées.

Un médecin généraliste, également médecin-pompier volontaire, est appelé en renfort.

Il quitte précipitamment son cabinet pour se transporter sur les lieux en attendant l’arrivée de ses homologues urgentistes du SAMU (Service d’Aide Médicale Urgente).

Il procède à des techniques expertes qui feront gagner de précieuses minutes au SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation), notamment la pose d’un électrocardiogramme, puis d’un cathéter intra-osseux au niveau du fémur distal (permettant l’administration de toutes médications ou perfusions et d’effectuer des prélèvements sanguins le cas échéant).

L’équipe médicalisée du SMUR, composée d’un médecin, d’une infirmière et d’un ambulancier se présentent à son tour et se concerte avec le premier médecin afin de poursuivre efficacement ce travail d’orfèvre par l’injection de substances qui permettront bientôt à la jeune victime de recouvrer une activité cardiaque...

Quelques minutes plus tard, le bruit assourdissant d’un hélicoptère en approche se fait entendre.

Les services de police et les pompiers ont improvisé une DZ (piste d’atterrissage) au plus près de l’établissement, mettant à l’épreuve l’habileté du pilote et de son mécanicien pour éviter les arbres et autres câbles téléphoniques.

On s’active autour de la victime pour la protéger du souffle et des projections générées par les pales.

Conditionnée dans un impressionnant amas d’appareils médicaux, d’écrans, de tuyaux et de câbles électriques multicolores, l’adolescente sera transportée par les airs jusqu’à l’hôpital le plus à même de la prendre en charge.

Elle y passera plusieurs jours, au cours desquelles des dizaines de médecins et autres personnels soignants s’occuperont d’elle avec attention et professionnalisme, jusqu’à son retour à domicile.

 

Épilogue

 

 Quelques semaines plus tard, Sarah et ses parents nous feront l’immense plaisir d’assister au cérémonial de la Sainte Barbe (la fête des sapeurs-pompiers), à l’occasion de laquelle seront décorés celles et ceux qui auront contribué à cet heureux dénouement, à commencer par l’infirmière scolaire, sans qui les autres maillons de la chaîne des secours n’auraient probablement pas pu sauver cette enfant.

Encore émue plusieurs semaines après l’évènement, la direction de l’établissement nous demandera d’effectuer une soirée d’initiation au secourisme à l’attention de tous les personnels administratifs et enseignants.

 

« Alors vous aussi, prenez quelques heures de votre vie pour un jour, peut-être, sauver celle d’autrui. »

 


#richardleformateur

www.le-secourisme-en-video.org

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